Tous ceux qui me connaissent savent que je passe de nombreuses heures annuellement dans les arénas pour accompagner mes filles dans leur sport : le patinage artistique. Toutes ces heures à avoir le bout du nez froid et tester les cafés des casse-croûtes n’ont pas été vaines puisqu’elles m’ont aidé à trouver les grandes lignes qui guideront mes pratiques de profs pour l’année qui commence.
Tomber, se relever et recommencer
J’ai vu mes filles reprendre des centaines de fois les mêmes mouvements, faire des chutes mémorables (et douloureuses même des estrades) et pourtant elles se sont toujours relevées prêtes à recommencer. Pourquoi ? Parce qu’elles ont le désir de réussir et savent qu’elles peuvent y arriver, car leurs entraîneurs leur donnent des objectifs personnalisés.
C’est ce que je souhaite développer chez mes élèves, cette volonté de reprendre, cette motivation de se perfectionner jusqu’à ce qu’ils soient fiers d’eux. Je veux les aider à se fixer de petits objectifs à leur hauteur : que se soit de donner plus de détails dans leurs textes, améliorer leur réussite sur les opérations avec des fractions, ou de prendre la parole plus souvent en classe...
Faire différemment pour créer souvenir, plaisir et engagement.
Dans un sport compétitif et individuel comme le patin, le travail sérieux peut facilement prendre le dessus sur tout. Et pourtant, à l’occasion, jeu et collaboration s’invitent à l’entrainement : un dé qui détermine le nombre de tours de glace à faire, un bingo où on doit réussir des éléments difficiles pour remplir sa carte, des courses à relais pour travailler vitesse et mouvements de précision… C’est possible de faire différemment et de s’améliorer en s’amusant. Et croyez-moi, ces entrainements où le jeu s’invite ne sont pas de tout repos, mais ce sont les plus attendus et ceux dont j’entends le plus parler à la maison.
En classe aussi le travail individuel et sérieux peut facilement prendre le dessus. Cette année, je vais continuer de faire les choses différemment, d’utiliser le jeu, les projets et surtout de varier les approches pour favoriser les apprentissages et le plaisir en classe. Pour certains, le travail individuel c’est ce qui aide le plus, pour d’autres c’est la collaboration; certains aiment le papier, d’autres le numérique et on se doit de respecter les différentes façons d’apprendre des élèves. Je souhaite donc offrir à mes élèves une flexibilité équilibrée. Je te laisse faire des choix, mais compte sur moi pour te proposer d’essayer de nouvelles choses aussi.
La force de la rétroaction
Je me souviendrai longtemps de cette compétition où ma plus jeune, qui venait de changer de catégorie, était arrivée 7e sur un groupe de 8e. Dans ce genre de situation, on s’attend toujours à avoir... du travail de maman à faire. Et pourtant, non. Après avoir bu une slush, vu sa feuille de résultats détaillés et l’avoir analysé avec son entraîneur, elle m’a dit que c’était une de ses plus belles performances. Elle était très fière d’avoir réussi mieux qu’à l’habitude certains éléments et savait ce qu’elle voulait améliorer d’ici la prochaine compétition. Elle n’avait pas d’emprise sur la performance des autres filles, alors pourquoi s’en faire avec ça !
Je veux que devant un travail ou une évaluation corrigée, mes élèves aussi soient capables de voir ce qui a bien été et ce qui est à travailler. Je continuerai cette année à ne pas donner de note chiffrée sur les travaux (car les performances des autres on n’y peut rien, alors pourquoi s’en faire avec ça). Je vais continuer à donner sur les travaux beaucoup de rétroaction par écrit ou par vidéo aux élèves. Je veux cette année entrer dans mon horaire des moments pour rencontrer mes élèves pour discuter de leurs apprentissages et les aider à se fixer des défis.
Développer les passions
Quand on développe la passion, y’a pas de limite à ce qu’on peut faire… Comme patiner en plein mois de juillet. Depuis quelques années, j’en suis même venue à trouver normal de voir mon manteau chaud dans ma voiture en pleine canicule.
Alors, imaginons ce que nos élèves peuvent faire en classe si on réussit à leur faire développer une passion. Offrir des possibilités de sujets d’écriture, offrir des livres au lieu d’imposer des lectures sont déjà des moyens que j’ai mis en place. Je veux tenter à nouveau cette année « l’heure des génies » pour donner cette place aux passions et à la créativité des élèves. Et je veux que les parents de mes élèves en viennent à trouver normal de voir leur enfant avec un livre dans les mains quelques minutes par jour.
Ce sont les petits gestes qui comptent le plus
À de nombreuses reprises, j’ai vu un entraîneur en cours individuel appeler auprès d’elle toutes ses patineuses afin qu’un élève montre aux autres ce qu’elle venait de réussir. Parfois, c’est une élève plus avancée qui sert d’exemple, parfois c’est une élève avec moins d’expérience qui vient de réussir un nouvel élément plus difficile pour elle. Et peu importe la situation, le résultat est le même : des applaudissements des spectatrices, des high-five des entraîneurs et un sourire de fierté de la patineuse.
Cette année, je veux valoriser au maximum les bons coups des élèves. C’est trop facile d’oublier l’impact positif chez un élève dont le texte est lu et donné en exemple à la classe, pour l’élève dont le raisonnement mathématique est mis en valeur ou pour l’élève qui a vécu une réussite hors classe et qu’on prend le temps de souligner. La classe c’est un milieu de vie où chaque élève devrait se sentir à sa place et valorisé. J’ai reçu à la fin de l’année dernière, un message d’une maman qui me remerciait d’avoir lu le texte de sa fille en classe au tout début de l’année, car cela avait donné des ailes à sa fille et grandement influencé sa réussite par la suite. Ce mot sera affiché dans mon armoire en classe, afin de ne pas oublier que parfois ce sont nos plus petits gestes qui ont le plus grand impact.
Alors voilà. Le patin m’a apporté autant qu’il a apporté à mes filles. Mais pas le temps d’en écrire plus : c’est l’heure d’aller reconduire les filles à l’entrainement.