La rentrée commence déjà à se pointer le bout du nez et à moins d'enseigner dans une communauté hors de portée de tout réseau cellulaire, ce sera une rentrée sous le signe de la réalité augmentée et des Pokémons!
Il y a évidemment les Schtroumpfs Grognons qui cherchent, depuis le lancement de Pokémon Go, le moyen de bannir les monstres de poche de leur salle de classe, ceux qui ne voient que le ridicule du jeu ( car oui, ce jeu est tout à fait ridicule). À ceux-là, je leur souhaite beaucoup de courage !
Et il y a les autres profs, ceux qui se sont fait prendre au jeu pendant les vacances et qui cherchent (en plus de Pikachu) comment inviter les Pokémons à l'école. Car accepter de redevenir ado cet été et s'initier un peu à Pokémon Go nous offre une belle occasion d'entrer rapidement en relations avec certains élèves à la rentrée et de créer des activités d'apprentissages qui resteront dans les mémoires. Les adaptations en classe du jeu n'auront donc de limite que l'imagination ( et l'ouverture d'esprit) des enseignants. Maths, français, arts, univers social, anglais, primaire ou secondaire, il y a des adaptations possibles pour tous ! Voici quelques idées que je me promets de tester cette année.
- Pokémarche (Pokéjogging) : Remplacer une heure de récupération en début d'année par une marche (jogging) entre les différents Pokéstops autour de l'école avec quelques élèves. En début d'année, les apprentissages ne sont pas en retard et utiliser ce temps pour mieux connaître ses élèves et les faire bouger ne peut être que gagnant. Évidemment, cela implique des élèves ayant leur téléphone.
- Les combats d'arène sont un excellent moyen de s'amuser avec les contenus que l'on croit encore essentiels de faire apprendre par coeur aux élèves (complémentaires, tables de multiplications, conjugaison, mots de vocabulaire, dates historiques....). La classe peut être séparée en équipe, chaque équipe doit combattre en répondant à des questions sur le sujet à l'étude pour avoir le contrôle de l'arène. Les combats peuvent être réels ( par exemple combats de tables de multiplications traditionnels : le gagnant du combat donne le contrôle de l'arène à son équipe) ou virtuel ( résultats de tests compilés où l'équipe qui a le plus de points gagne l'arène). À vous de voir le privilège accordé à ceux qui auront le contrôle de l'arène à la fin de la semaine. Quelles seront vos règles de combat ? Les équipes pourront-elles décider de se lancer des défis ?
- La création d'un nouveau Pokémon offre un belle opportunité d'écriture de fiche descriptive en plus d'un beau projet d'art ( à la manière de Satoshi Tajiri). Comment diffuserez-vous les créations : sur les murs de l'école où sur les murs des réseaux sociaux ? Le #MonPokémon semble disponible pour diffuser les créations des élèves...
- L'étude des mesures de longueur et de poids peuvent aussi venir compléter le création de ce nouveau Pokémon. On pourrait demander aux élèves de représenter le poids réel de leur nouveau monstre à l'aide de matériel concret et d'une balance de cuisine. Les élèves pourraient aussi avoir à le représenter en utilisant ses vraies mesures.
- Quelles doivent être les dimensions d'une Pokéball pour capturer réellement un Pokémon (celui qu'on vient de créer ou un autre) ? Une belle question de départ pour faire l'étude du cercle au primaire et de la sphère au secondaire.
- Il serait plus que pertinent de faire écrire les textes qui accompagneraient les Pokéstops dans les cours d'univers social / histoire-géo, car si le jeu nous amène à visiter certains lieux intéressants, aucune informations n'accompagne ces endroits. On pourrait aussi faire créer de nouveaux Pokéstops dans notre ville ( ou dans notre école) en demandant aux élèves quels lieux mériteraient d'en devenir.
- L'application nous permet également d'exploiter toutes les notions de coordonnées, de plans, de géolocalisation, de lecture de carte, de directions. Des sujets que l'on traite en math, en géographie et en anglais langue seconde.
- On pourrait aussi travailler l'argumentation par l'organisation d'un débat «pour ou contre Pokémon Go» (je te vois sourire Schtroumpfs Grognon, mais je vois aussi que tu commence à avoir pas mal moins d'arguments pour être contre) ou l'écriture d'un texte argumentatif.
Et combien d'autres tâches plus complexes et défis viendront compléter cette liste ? L'idée est simplement de partir d'un univers relativement riche qui parle aux élèves pour leur faire vivre des activités qui leur feront oublier que les vacances sont terminées. Une année complète à exploiter les Pokémons ? Je ne crois pas! Je serais la première à me tanner, mais il y a certainement matière à s'amuser pour quelques semaines !
Oui, les Pokémons sont la saveur du jour. À pareille date l'an prochain, ils feront peut-être déjà partie de l'histoire ancienne et tout sera à recommencer. Mais d'ici là, pourquoi se priver de toutes ces possibilités d'avoir du plaisir à apprendre en classe ? N'est ce pas une des beautés de notre travail : avoir la possibilité de se réinventer à chaque année !
Sur ce, je retourne à mes vacances... Surtout que la rumeur dit qu'il y a un Pikachu à attraper dans le quartier !