«J'ai jamais eu d'idées pour écrire, donc ça sert à rien d'essayer, j'en aurai jamais !»
Cette phrase m'a tué ! Lancé à grand coup de désespoir par un pré-ado ( finalement pas si pré que ça ) de ma classe lors d'un projet d'écriture. En fait, il me lance cette phrase à chaque fois qu'il doit prendre un crayon ou un clavier pour écrire quelque chose. Ce grand gars est, vous l'avez deviné, en grande difficulté et n'aime pas l'école. Il est déjà plus vieux que les autres et sait que le secondaire régulier ne sera pas sa place l'an prochain. Et quand on veut l'aider, il refuse, nous repousse quand en même temps ses yeux crient «à l'aide». Vous voyez le profil ? Il me lance donc cette phrase à chaque fois qu'on lui demande d'écrire, non pas parce qu'il sait que cette phrase me tue ( je suis quand même pas pire pour gérer ma face en classe), mais parce qu'il le croit vraiment... et c'est ça qui me tue réellement : il le croit ! Il est résigné car c'est ce qu'il a appris...
Pourtant, tout recemment, nous avons écrit notre partie d'histoire pour le projet #AnimeHistoire, il est l'élève qui a fourni le plus d'idées, tant pour la création du personnage que pour l'hitoire comme tel. Donc des idées, il en a... et des bonnes à part de ça ! Les autres élèves et moi, avons même soulignés toute l'implication qu'il a eu dans l'histoire de notre Philéon.
Alors à quel moment de son parcours avons-nous tué l'imagination et la créativité de ce garçon ? Car je me doute bien que son imagination à été tué à grands coups de crayons rouges soulignant ses fautes au lieu de célébrer ses idées. À quel moment avons nous réussi à lui faire croire vraiment qu'il ne vallait pas plus que le nombres de fautes qu'il faisait ? Il aurait été plus valable pour lui qu'on l'aide en croire vraiment en lui.
Loin de moi l'idée de jeter la blâme sur les enseignantes qui ont croisé sa route avant moi. Je suis persuadée qu'elles ont toutes fait de leur mieux pour aider le gamin. Je crois juste qu'il est temps qu'on révise certains trucs en enseignement de l'écrit. Écrire sans faute c'est bien, mais à l'époque où Antidote et les autres correcteurs peuvent nous donner un coup de pouce ce n'est peut-être plus aussi essentiel. Savoir bien utiliser ses outils et avoir le goût de faire des efforts, ça c'est utile dans la vie. Et être créatif l'est encore plus ! Devons-nous corriger les fautes à chaque fois ?
Alors, la prochaine fois que je corrigerai un texte( spécialement celui d'un élève en difficulté, qui n'aime pas l'école et qui s'y sens dévalorisé), je garderai en tête mon grand et me demanderai ce qui est le plus utile : souligner toute les erreurs dans un texte quitte à tuer la créativité de l'auteur ou souligner les bons coups, les améliorations et pister l'élève sur des points de grammaire qu'il pourrait facilement améliorer lors d'un prochain texte? Poser la question, c'est un peu y répondre. N'est-ce pas ?