Depuis le début avril, j'ai un nouvel élève. Il est petit, a de grandes oreilles, adore les coeurs de pomme et il est très poilu. Hé oui, un lapin vient passer ses semaines en classe avec nous. Toutes les conditions gagnantes sont réunies : le lapin appartient à une élève, elle a construit sa cage, elle fourni tout ce qu'il lui faut et le ramène chez elle la fin de semaine. Depuis qu'il est en classe, les élèves se dépêchent à s'installer avec l'espoir d'être l'équipe qui pourra s'en occuper avant de commencer à travailler ( gestion de classe par M. Caramello : j'ose à peine y croire). Bref, nous sommes bien chanceux et passons de bons moment en classe.
Toutefois, l'histoire derrière l'arrivée de ce lapin m'a bien fait réfléchir. Tout a commencé le jour où nous avons vu sur Twitter que la classe d'une copine (salutations à Karine) avait reçu des oeufs qui allaient devenir des poussins. Ce jour là, je surveillais la récréation quand deux de mes élèves sont venues me voir. Elles voulaient me dire qu'une autre élève de la classe avait 40 lapins à la maison et qu'elle pouvait nous en prêter un. L'élève en question, un peu gênée vous l'avez deviné, ne voulait pas me faire sa proposition car elle était convaincue que j'alllais dire non. Pourtant, c'est assez rare que je dis non à une bonne idée...
Mais depuis, ça me trotte en tête. Combien de fois passons-nous, en tant qu'éducateur, à côté d'expériences super pour nous et pour nos élèves parce qu'ils se sont faire dire non si souvent qu'ils n'osent même plus faire de propositions ? Combien de fois nos élèves n'ont pas osé faire des proposition de peur qu'on ne les écoute même pas ? Sommes nous en train de tuer la spontanéité et la créativité des enfants à grands coups de non lancés trop vite?
Je dois toutefois, l'avouer. Au départ, toute cette histoire de petite bête ne me plaisait pas beaucoup et j'ai eu le goût de dire non. C'est si facile dire non. Ça n'implique pas de changement, pas d'adaptation... Pourtant, j'ai dit oui et fait les vérifications d'usages auprès de ma direction un peu vite pour ne pas me faire dire non. Est-ce que je le regrette ? Ben non ! ;-)
Et mon élève dans tout ça ? Quel changement ! Cette enfant timide, qui ne prenait pas sa place dans le groupe a tellement changé. Elle a tout pris en main : nourriture, horaire des responsables du ménage, horaire de ceux qui peuvent jouer avec le lapin... Elle qui était si timide donne même des consignes au groupe et nous fait souvent des propositions pour impliquer M. Lapin dans notre vie de classe. Elle qui était si seule avant dans la classe a eu sa chance de se faire connaitre par l'une de ses forces et est maintenant apprécié de tous ( pas seulement pour avoir des privilèges en lien avec la lapin car l'horaire des responsables est déjà fait). C'est définitvement elle qui retire le plus de tout cette histoire de lapin.
Et dire que rien ne serait arrivé, si au départ, j'avais dit non.